Retour une bonne semaine en arrière (voir même deux!)
Cela valait la peine d’attendre un jour de plus ce bus qui nous a emmenés de l’Argentine au Chili à travers les montagnes. Le versant argentin nous sert les paysages arides et montagneux désormais devenus habituels pour nous mais néanmoins toujours aussi beaux. A mesure que nous approchons du col, hier dans la tourmente, des plaques de neige apparaissent. Zoé est enthousiaste et ne rêve que d’une chose : faire un bonhomme de neige…
Le poste frontière est au col, appelé Paseo de los libertadores. De grosses congères sont tout autour de nous. Aujourd’hui, tout va bien, la route est dégagée. Sortie du bus pour tout le monde (sauf Cédric) pour effectuer les formalités de douane. C’est assez bien rodé : une file dans l’ordre des sièges du bus (donc nous en 1er, lalalère!) pour le guichet argentin puis on fait un pas de côté pour le guichet chilien. Tout ça dans une ambiance assez relax. Reste le fameux contrôle sanitaire. Tout fruit (même sec!), légume, produit laitier, viande, bois,…est formellement interdit pour entrer au Chili. Soi -disant pour des raisons sanitaires mais tout le monde suspecte que ça soit pour d’autres raisons moins nobles… Cela signifie que l’entièreté du bus doit être contrôlé : les bagages sont tous sortis du coffre pour être inspectés, les bagages à main passent dans un scanner, quelqu’un monte à bord pour être sûr qu’une pomme de contrebande ne serait pas cachée sous un siège….
Tout cela nous prend à peu près une heure. Quand je pense que nous allons traverser cette frontière plusieurs fois…
Nous voilà au Chili. Le bus emprunte bientôt la partie de route qui se retrouve sur beaucoup de photos : Los caracoles (les escargots). La route pour descendre décrit des serpentins réguliers, en tout une trentaine. C’est joli et pas effrayant car la régularité des courbes fait passer le bus en douceur.
Petit à petit, nous descendons et le décor change radicalement: nous abordons des vallées verdoyantes aux petites maisons en bois colorées. Des vaches qui broutent de l’herbe grasse, des saules pleureurs aux jeunes feuilles vert tendre le long de petites rivières, des collines,… Nous voilà au pays d’Heidi? En tout cas, cela nous fait plaisir de revoir de la verdure après ces semaines passées dans des paysages désertiques. Est-ce le fait d’avoir passé les montagnes et d’être sous l’influence océanique? Probablement.
En fin de journée, nous arrivons à Santiago dans une vaste gare routière. Il ne reste plus qu’à aller jusqu’à l’appartement, ouf belle journée!
Nous ne passerons que deux jours à Santiago pour cette fois mais nous y reviendrons fin novembre avant de changer de continent.
Il fait printanier: froid le matin et le soir mais doux la journée. Les arbres sont en fleurs, les pâquerettes de sortie pour le plus grand plaisir de Zoé. La ville compte assez bien de parcs ce qui est toujours agréable même si les deux parcs les plus célèbres sont des collines escarpées ce qui ne nous arrange pas trop.
Les 1ères impressions de la ville sont positives. Une grande fourmilière bruyante à certains endroits, des gratte-ciel à d’autres, des petits quartiers plus bohèmes et plus calmes à d’autres.
Zoé est contente: depuis New-York, pour elle, une ville n’est une pas une vraie ville si elle ne contient pas de gratte-ciel! Cédric, lui, trouve aberrant le fait de construire de si hautes tours dans une ville qui vit si souvent des tremblements de terre significatifs. Le dernier en date a d’ailleurs eu lieu il y a quelques semaines à peine: 8,3 sur l’échelle de Richter. On n’en voit aucune trace…mentionnons au passage que nous logeons dans un de ces buildings mais seulement au 5ème étage ! Le bâtiment en compte 29. Le dernier est en fait une terrasse panoramique et une piscine… De là haut, on a une vue panoramique sur la ville et ses environs: des montagnes enneigées nous encerclent!
Au fil de nos promenades, nous découvrons deux quartiers très sympathiques, à l’abri de l’agitation, aux petits restos attirants…à approfondir la prochaine fois.
Aux coins des rues et notamment au pied de notre immeuble des vendeurs de jus d’orange fraîchement pressées. Bonne nouvelle pour nous, les Chiliens semblent plus amateurs de fruits et légumes que les Argentins (ce qui n’est pas difficile!)
Après deux jours dans la ville, nous prenons le bus de nuit pour Puerto Varas, dans la région des lacs environ 1000 kms plus au sud. Ce sera l’entrée de la Patagonie.
C’est parti pour une merveilleuse nuit dans le bus! (Il faut admettre qu’ils sont très confortables, bien mieux que les avions).
Nous arrivons chiffonnés en milieu de matinée dans cette petite ville. Le bus nous dépose au milieu de nulle part…hum….plus qu’à essayer de trouver un transport pour se rendre dans notre famille d’accueil (couchsurfing). Ici, nous logerons, si tout va bien, une petite semaine. Ces gens nous avaient été recommandés par nos désormais amis mexicains qui étaient passés aussi chez eux (« Les amis de mes amis sont mes amis? »). C’est quand même toujours un peu stressant d’arriver comme ça chez des inconnus…
Nous harponnons une sorte de taxi collectif qui accepte de nous prendre et nous fait gentiment (et, nous l’apprendrons après, moyennant 4 fois le prix de la course normale!) une visite guidée de la ville (chouette des touristes!) avant de nous emmener vers le quartier Mirador de Puerto Varas, situé sur les hauteurs.
Puerto Varas est une petite ville située sur les bords du lac Llanquihue, 1er ou 2ème lac du Chili selon les guides. La région compte de nombreux volcans en activité et les paysages sont magnifiques. Sur les hauteurs des centaines de buissons jaunes couvrent les prairies vertes (!).
Nous arrivons chez la famille Villa et Gladys est là pour nous accueillir. Le ton est donné, ça sera du 100/100 espagnol. Petite maison agréable, accueil chaleureux, une chambre et une salle de bain rien que pour nous: ça s’annonce pas mal! Les autres membres de la famille sont : Eugenio, le papa qui est prof dans un collège de la ville voisine et David presque 7 ans qui deviendra rapidement le compagnon de jeux de Zoé pour quelques jours. De la fenêtre de sa chambre, on aperçoit deux volcans. J’ai tenté de leur expliquer que de celle de Zoé on voyait un terril…
Avant les considérations purement touristiques, quelques mots de cette semaine passée dans la famille Villa.
Il me paraît toujours incroyable de penser que des gens parfaitement inconnus il y a dix jours nous ont accueillis comme si nous étions de la famille. Au fil des jours et des soirées, nous avons énormément partagé, discuté. Nous nous sommes trouvés plein de points communs. Ils nous ont donné leur vision du Chili et des Chiliens. Nous avons comparé avec la Belgique… Et tout ça en espagnol! Cédric et Zoé s’y sont mis aussi, c’est dire si ils nous ont mis en confiance!
Nous avons bien mangé et comme l’indiquait un de nos articles, nous leur avons préparé après beaucoup de réflexion un Waterzooi de poulet. Il était difficile de trouver tous les ingrédients d’autres spécialités belges comme le sirop de Liège, la cassonade, les spéculoos, la Gueuze ou la Rochefort!
Zoé a pu faire du vélo, regarder Pocahontas en Espagnol (David dit que Zoé a les cheveux de la même couleur que John Smith!), participer à une kermesse dans l’école d’Eugenio, examiner de près un calamar géant échoué sur la plage de Puerto Montt, jouer, jouer, jouer…
Mardi, 27 octobre 2015
Nous avons loué une voiture pour partir en exploration. On annonce une journée ensoleillée, c’est le bon jour! (la météo ici est digne d’un printemps belge, il faut donc sauter sur l’occasion!)
Objectifs du jour: les volcans, des cascades et le lac… Il fait splendide, youpie!
La campagne chilienne est très belle, les routes agréables. De nombreux points de vue sur le lac et les volcans parsèment la route et m’est avis qu’à la fin de la journée, on aura 300 photos des volcans!
Petite anecdote, lors d’un arrêt, je propose à des touristes australiens de les prendre en photo devant le point de vue. Ils font partie d’un groupe organisé. Exactement ce que l’on a évité en louant la voiture. A voir la nôtre, ils me demandent si on l’a louée, si on voyage seuls…puis la question qui tue: « Est-ce dangereux? » Je réponds: « Dangereux pour conduire? ». « Non, est-ce qu’il y a des bandits? me dit-il en mimant quelqu’un qui tient un fusil! À voir ma tête interloquée, il me demande alors si nous sommes Chiliens! Euh non, juste Belges, du Borinage…!
La campagne de Puerto Varas nous évoque plutôt un paisible plateau ardennais qu’un guet-apens de brigands… Soit, chacun ses références, passons!
Mise à part la vue splendide dont on se lasse pas, nous décidons d’essayer de visiter les chutes de « Saltos de Petrohué » qui semblent très belles sur les photos et réputées pas trop difficiles d’accès… Juste une bonne dizaine de grosses marches à gravir. Un brave homme nous aide sans qu’on ait à lui demander et nous assure qu’après ces quelques marches, c’est facile. C’est relativement vrai sauf que le sol est assez mou. En fait, on avait déjà constaté le long de la route des monticules de cendres accumulés le long de la route, sorte de dunes grisâtres témoins de l’éruption du 22 avril dernier. Nous patinons donc un peu dans la cendre avant d’arriver au point de vue sur les chutes. Rien à voir avec Iguazu bien entendu mais ce qui est beau ici, ce sont les couleurs. L’eau est turquoise…Malheureusement, la passerelle qui permet de se rendre au plus près des chutes est fermée pour cause de réparation.
Nous repartons du site et décidons de faire l’ascension du volcan Osorno dans la foulée car le ciel commence déjà à se couvrir à l’horizon. C’est parti pour une nouvelle montée au-delà de 2000 mètres. Ça devient banal… Nous arrivons tranquillement au sommet de la route après être passés de la forêt à un paysage plus aride puis lunaire. Des télésièges permettent de monter plus haut. Zoé voudrait absolument les prendre pour aller jusqu’à la neige. Je ne suis pas emballée, je trouve que nous ne sommes pas habillés pour. Au moment où je développe mon argumentation, un touriste en t-shirt (rose) monte sur le télésiège…et bien j’aime autant pour lui que pour nous…
Vue panoramique sur ce lac immense et l’autre volcan qui semble fumer légèrement…intéressant!
Nous redescendons pour pique-niquer à l’abri du vent. Ensuite, direction le lac Todos los Santos, un arrêt quasi obligé dans les tours organisés. La route goudronnée fait place à une piste caillouteuse. J’y vais mollo car notre belle Peugeot 307 n’a pas l’étoffe d’un 4×4. Au bout du compte nous arrivons à un rond-point où il y a un hôtel, un musée, un parking et un embarcadère…c’est tout. On pensait arriver à un village mais non. Ce qui est beau, surtout c’est de prendre le bateau pour traverser le lac. Ce n’est pas au programme. Demi-tour. Tout ça pour ça, grumph….
Nous repartons donc dans l’autre sens pour faire le tour complet du lac et atteindre une petite ville réputée jolie, Frutillar. La route ne suit pas exactement le bord du lac mais elle nous fait traverser de belles campagnes.
En fin d’après-midi, nous atteignons Frutiilar et trouvons une petite plage où Zoé peut enfin tester la température du lac. Devant nous deux hommes en combi de néoprène entament leur séance de nage en eau libre. Verdict de Zoé: c’est très froid! Elle a quand même réussi à y aller jusqu’à mi-cuisse, pas mal! Jeux dans le sable, cerf-volant ,… Nous terminons la journée dans un chaleureux salon de thé. La région garde des restes de la forte immigration allemande. Un des plus sympas, à notre avis, étant ces salons de thé cosy qui servent des portions énormes d »apfellstrudel, tartes et autres gâteaux roboratifs.
Il est temps de rentrer sinon « papa et maman Villa » vont s’inquiéter !
Mercredi, 28 octobre 2015
Nous devons descendre en ville rendre la voiture. Il fait un temps de chien! Les volcans ont disparu dans les nuages, il y a de la houle sur le lac, il « drache » (l’occasion pour nous de leur apprendre un nouveau mot de vocabulaire belge!)…
Nous tentons de trouver des petits cadeaux pour remercier nos hôtes de leur accueil car ce sont nos dernières heures ici.
La pêche est intéressante: nous trouvons des pralines belges (des fruits de mer!) et des biscuits Destrooper pour les parents, un Lego pour David.
Nous attrapons un de ces taxis collectifs que nous avons appris à utiliser au cours des derniers jours.
De retour à la maison, David n’est pas allé à l’école, enrhumé depuis quelques jours, il était fiévreux ce matin… Dommage, il voulait présenter Zoé à ses copains de classe…mais tant mieux car comme ça ils peuvent jouer un peu plus ensemble (d’autant que le malade est loin d’être à l’agonie!) et travailler… Si si, ils ont tous les deux travaillé (un peu) pour l’école…nous sommes de rudes parents!!
Crêpes belges pour tout le monde, cadeaux et adieux… Même si on se plaît à rêver qu’on se reverra un jour, c’est quand même très improbable.
Cela fait un moment que l’on est en Amérique du Sud et on aurait presque tendance à oublier que nous vivons d’habitude si loin…
Demain, nous prenons le bus pour Bariloche, en Argentine (vous nous suivez?!).
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