Nous voilà en Nouvelle-Zélande , une étape que nous attendions depuis longtemps, une des plus longues de notre périple depuis que nous avons décidé d’éliminer le Sri Lanka. Paradoxalement, nous n’avons quasi rien préparé si ce n’est le logement des premiers jours à Auckland et la location de la voiture. La question du camping est toujours en suspens.
Auckland ne nous a pas vraiment éblouis. Sans doute pour plusieurs raisons. D’abord parce que nous venions de Sydney où nous avions été conquis. Ensuite, parce que la ville nous est apparue assez morte… En fait, il semble que beaucoup de gens soient partis en vacances à ce moment là. Ce n’est probablement pas comme ça tout le temps! Enfin, nous étions focalisés sur l’organisation des jours et semaines à venir avec pas mal de choses à faire, décider, gérer, organiser. La Nouvelle-Zélande est un pays assez cher, les déplacements prennent du temps, la météo est changeante, les deux îles sont vastes…alors camping ou pas camping? C’est LE mode de voyage dans ce pays. Disons plutôt que c’est le camping car qui est roi mais nous avions fait une croix dessus il y a des mois car pas pratique pour Cédric. Qui dit camping dit trouver du matériel fiable mais pas hors de prix. Le tout dans une ville que l’on ne connaît pas, qui est assez vallonnée et sans voiture… Après une rapide étude de marché, nous achetons finalement tente et matelas. Pour la cuisine, on avisera plus tard. Après avoir réservé un emplacement dans un camping équipé (pour la brousse, on attendra un peu!) et quelques nuits en Couchsurfing, nous nous sentons plus légers et pouvons explorer un peu la ville.
Nous retiendrons deux choses surtout:
- le quartier Wynyard, ancienne zone industrielle réhabilitée en zone de loisirs avec restaurants, bars, aire de jeux, piste cyclable, mobilier urbain sympa..
- le musée d’Auckland. Au départ, le but était de découvrir les salles sur la culture maorie mais en chemin nous avons découvert beaucoup d’autres choses très intéressantes. Une exposition sur le volcanisme de la nouvelle Zélande nous a retenus un certain temps. Cette île n’est que volcans, cratères, geysers, sources d’eau chaude, lacs sous lesquels le magma affleure. Ce fut l’occasion d’une expérience assez « angoissante »: une simulation de ce qu’il se passerait à Auckland si les volcans autour se réveillaient. Cela se passait dans une petite maison en bois avec bruitage, images et tremblements. Nous ne voulions pas trop y aller de peur d’effrayer Zoé mais c’est finalement nous qui en sommes sortis angoissés! Très réaliste, très flippant! Mais qu’est ce qu’on fait ici??? Zoé, elle, est sortie en rigolant et disant « même pas peur »…mais elle n’a pas tout saisi…et c’est tant mieux! A 17 heures, alors que nous découvrions les anciens dinosaures ayant peuplé l’île et un étrange gigantesque oiseau dont nous n’avions jamais entendu parler: le moa (cousin de l’autruche, mesurant entre deux et trois mètres de haut et exterminé par les maoris ), nous nous sommes gentiment fait mettre dehors. On ferme! Zut alors! Zoé veut revenir demain. Sauf que demain on quitte la ville….Nous redescendons par le Auckland Domain, petit parc de 80 hectares. C’est un fait, en Nouvelle Zélande, avec seulement 4.5 millions d’habitants, il y a de la place!
Demain, nous quittons la ville, nous aspirons à découvrir l’île et ses paysages.
Nous avons finalement décidé de partir vers le nord (de l’île du Nord,vous suivez ?), partie dite subtropicale.
Après avoir signé un document sur lequel je déclare que » Oui, je me sens confiante dans le fait de rouler en Nouvelle-Zélande « , » Oui, j’ai déjà conduit à gauche », « Oui, je connais le code de la route de la Nouvelle -Zélande…. » Bla bla bla…. Nous nous mettons en route à bord de notre Rav4 , traversons Auckland et son pont qui ressemble furieusement à celui de Sydney.
Notre 1ère étape nous amènera sur la côte Est, à Waipu, petit village au passé rempli d’histoires de courageux colons écossais qui ont traversé la terre entière à la recherche d’un endroit où vivre une vie meilleure. Le 1er janvier de chaque année, ont lieu les » Highlands games » avec costumes et cornemuses! Zut, raté!
Le camping de son côté évoque bien l’ambiance camping (celle du film)… A peine arrivés, nos voisins d’en face nous sautent dessus pour nous aider à monter la tente. Disons même qu’ils la montent à notre place avant que nous ayons le temps de dire ouf… Zoé est déçue car elle se faisait une joie de la monter et Cédric aurait bien aimé avoir son mot à dire…mais c’était tellement gentil!
Ici les gens viennent pour surfer ou faire du bodyboard sur les vagues de la plage qui est juste derrière. Le camping fourmille de gamins qui font les quatre cents coups à vélo.
Le lendemain de notre arrivée, il drache ce qui est quand même la chose la moins agréable qui soit lorsqu’on dort en tente…(il y a aussi l’orage et la tempête de neige….). C’est l’occasion d’aller manger au village et de visiter leur » fameux » musée. En fin de journée, le temps se dégage complètement et nous partons pour une petite balade en voiture dans le coin. Dès que le soleil sort, on cuit et la nature sèche en exhalant sa vapeur et ses parfums.
Plage, plage, cerf-volant…et quoi d’autre ?
Nous tentons une excursion vers la grotte de Waipu. La caractéristique des grottes en Nouvelle-Zélande si ce n’est le fait qu’il y en a partout, ce sont les vers luisants qui les habitent et en recouvrent les plafonds.
Nous débarquons dans une clairière où quelques voitures sont garées. Des gens remontent du chemin de la grotte pieds nus, boueux et ravis. Le sentier est escarpé et on aperçoit l’entrée de la grotte en contrebas. Cédric décide de rester en haut pendant que nous descendons prudemment. Organisés que nous sommes, nous avons oublié les lampes frontales dans la tente. Nous n’avons que la loupiote du gsm…
Une famille remonte. Le père demande à Cédric s’il a besoin d’aide pour descendre. Il affirme que ce n’est pas loin du tout et que ça serait bête de ne pas y aller. Sa femme n’a pas l’air de cet avis et lui dit que c’est trop risqué avec les rochers. Cédric acquiesce et nous partons sans lui. L’entrée de la grotte est large et se continue par de grandes galeries mais il faut avancer dans de l’eau noire. Ça n’a l’air de gêner personne. Ce genre d’endroit chez nous serait fermé à double tour ou payant ou…Ce sont les enfants qui nous montrent le chemin mais force est de constater que notre lampe n’est pas assez puissante et Zoé n’est pas très à l’aise. Et ça glisse !
Nous remontons donc et…. Tombons sur Cédric qui est transporté par deux forts gaillards qui ont décrété qu’impossible n’est pas Kiwi! C’est totalement dingue et franchement risqué mais tout le mode aide et se marre! Bon, alors on y va! On me prête une autre lampe, on enlève les chaussures et on entame la progression dans cette rivière souterraine. De l’eau sombre jusqu’ aux genoux, presque dans l’obscurité , Zoé n’en mène pas large: « C’est bien pour vous que je le fais! Mais qu’est ce que vous me faites faire? » (Véridique) . N’empêche après quelques mètres, la récompense est là: le plafond scintille de centaines de vers luisants!
Remontée glissante pour tout le monde, Cédric retrouve sa chaise sans encombre! Super merci à ces illustres inconnus!! Des gens comme ça, on veut bien en rencontrer tous les jours!
Nous restons à cet endroit une bonne partie de l’après-midi. Une grande clairière, des rochers pour jouer aux aventuriers,et un calme….
Après trois nuits au camping, nous partons plus au nord vers Whangarei où nous devons loger dans une famille avec trois petites filles. Zoé se réjouit. En attendant l’heure du rendez-vous, nous allons faire une balade dans une forêt où l’on peut observer des Kauris, arbres géants typiques de l’île, sacrés, parfois centenaires voir millénaires. Détour par une cascade puis balade dans la ville et plaine de jeux.
La famille habite un peu à l’écart de la ville dans une maison qui donne sur la vallée. De la terrasse on voit à au moins cinquante kilomètres. Ce qui nous frappe encore une fois, ce sont les espaces, la taille des propriétés autour des maisons sans que nous ayons l’impression de loger chez des gens richissimes. Beaucoup ici on de grands jardins mais aussi des vaches, moutons, …. Zoé s’éclate avec les filles et se délecte de tous les jouets qu’elles ont!
Le lendemain de notre arrivée, il pleut (c’était calculé!) et nous partons visiter une « Kiwi House ».
Le kiwi est l’oiseau national, emblématique mais menacé de disparition. Cette oiseau nocturne présent sur l’île bien avant l’arrivée des hommes est victime des chiens, autres prédateurs et des voitures. La NZ avant l’arrivée des hommes n’avait aucun prédateur et seulement deux mammifères : des chauve- souris ! Tout le reste est arrivé avec les Maoris d’abord puis les colons européens. Cette particularité explique pourquoi certains oiseaux comme le kiwi ont perdu la capacité de voler. Pas de prédateur, pas besoin de voler pour s’enfuir! Par contre, ça court vite! La Kiwi House est donc une sorte d’enclos artificiel où le rythme est inversé pour que les visiteurs puissent les voir. On entre dans une galerie noire et derrière une vitre est reconstitué un biotope avec une lumière type clair de lune. Les kiwis sont visibles furtivement lors des heures de nourrissage. Pour en voir en vrai, il faut participer à des balades nocturnes avec guides dans les forêts et ce n’est pas gagné.
Petit tour au musée du coin (oui, encore, on est très intello!). Une partie intéressante évoque le rôle des NZ lors de la 1ère guerre mondiale. Et oui, eux aussi étaient là en tant que membres du Commonwealth aux côtés de l’Angleterre. L’exposition montre (entre autres) des photos d’Ypres et de la bataille de Mons! Étrange…
Nous rentrons de bonne heure à la maison car ce soir, c’est nous qui cuisinons et ils soupent tôt!
Nous partons demain pour Russel, dans la Bay of Islands réputée pour ses multiples îlots, ses eaux turquoises, ses dauphins et ses spots de plongée. Les filles sont tristes de se séparer….
Avant de prendre la route, direction The Warehouse, sorte de Makro géant où on trouve tout, absolument tout en version pas cher. Nous avons décidé d’améliorer notre confort en camping et de upgrader notre matériel: nous allons acheter une poêle, une casserole et quelques ustensiles de cuisine (nous avons déjà la dînette en plastique!) waouh! Que de folies!!!
Le camping de Russell est beau, très tranquille, en gradins (ça c’est moins chouette) et de tout en haut, on voit la baie. Russell est un village historique de pionniers. La baie en face est jolie, parsemée de voiliers. Le village est touristique, certes mais c’est loin d’être la foule de Saint-Tropez!
Ici, l’activité phare c’est la sortie en bateau pour découvrir toutes les petites îles, la baie, espérer voir des dauphins et parfois faire du snorkeling. On s’y prend un peu à la dernière minute donc nous ferons l’excursion la plus basique, dans un gros bateau à touristes, dommage pour les jolis catamarans…mais bon il faut garder des idées pour plus tard! Ça sera pour le lendemain.
Zoé apprécie le camping et prend ses marques. Elle a constaté que les enfants vont et viennent à leur guise, seuls et ça lui plaît. Elle s’autonomise et décrète qu’elle veut aller prendre sa douche seule, part avec la trousse de toilette sous le bras pour s’habiller et se brosser les dents. Je suis priée de garder mes distances! Mais…moi aussi je dois me laver non?
Nous prolongeons d’une nuit ici vu la météo clémente et la zénitude. La nuit on entend des bruits d’oiseaux étranges, peut être des kiwis, et le matin on se fait réveiller par les mouettes…
Samedi matin, nous traversons l’île pour loger ce soir dans un bungalow sur la côte est. Pour gagner une trentaine de kilomètres, nous embarquons la voiture sur un ferry. Rigolo.
Notre traversée nous emmène sur des routes sinueuses. Les événements géologiques ont façonné un relief tourmenté, la terre part dans tous les sens, la route aussi! Nous sommes quasi seuls à une période qui est supposée être chargée, vacances d’été obligent. Décidément, nous n’ avons pas la même conception des mots: foule, trafic, embouteillage!
A midi nous pique-niquons à Rawene, village qui vit de la pêche, de quelques galeries artistiques et d’un ferry qui traverse le bras de mer pour amener les véhicules dans le village d’en face. Ambiance de bout du monde. Apaisante.
Nous reprenons la route pour traverser la forêt de Waipoua, sanctuaire des Kauris. Bref arrêt devant Tane Mahuta, » The Lord of the Forest » estimé à presque deux mille ans. Il impose le respect. Les mesures autour sont strictes: Les Kauris de l’île sont victimes d’un champignon qui attaque leurs racines et les tue petit à petit. On est priés de rester sur les chemins aménagés et de nettoyer ses semelles en entrant et sortant…
Nous approchons de la côte est. Tout à coup, un spectacle inattendu se dresse devant nous: une immense colline semble coupée en deux: d’un côté verte (normal!) et de l’autre jaune car formée d’une dune géante. Impressionnant! Nous sommes à l’embouchure du bras de mer de ce midi. Nous sommes à Opononi. L’océan est derrière, les lumières sont intenses. Pause caféine et séance photo.
En soirée, nous arrivons à destination dans un camping perdu au milieu de nulle part mais près d’une de ces immenses plages où l’on peut rouler avec sa voiture. (Pas nous, l’agence de location nous l’a interdit, même pas drôle!).
La tenancière m’explique ce qu’il y a à faire dans le coin et tout à coup son accent me paraît vraiment bizarre, quand je réalise qu’elle me parle en néerlandais! À mon air ahuri, elle me dit qu’elle est hollandaise et vu qu’on est belges elle a dû se dire qu’évidemment nous parlons flamand….bon…je tente de brancher mon cerveau linguistique sur mes restes de néerlandais histoire de faire bonne figure et je comprends à peu près ce qu’elle me raconte. J’arrive même à répondre….ça c’est fait! Le camping est un peu vintage et l’ambiance bizarre. Qu’à cela ne tienne, il y a une corde pour jouer à Tarzan et se ramasser sur un vieux matelas poussiéreux, le bungalow est propre et le lit super confortable…d’autant qu’il commence à bruiner….hmmm…
Demain, nous descendons au sud jusque Hamilton où nous logerons quelques jours dans une famille le temps de planifier la suite.