Mardi, 03 novembre 2015
Nous quittons l’appartement très tôt pour nous rendre à l’aéroport. Tellement tôt que quand nous arrivons, tout a l’air endormi dans le hall.
Nous devons être le 1er vol du jour…
Nous partons pour El Calafate (toujours en Argentine). Ce n’est pas loin, 1500 kms plus au sud mais ce petit vol d’une heure et demie va nous faire gagner du temps. Le bus c’est sympa mais c’est lent.
Nous arrivons sans souci (à noter quand même que pour une raison obscure d’organisation argentine, la chaise de Cédric s’est retrouvée sur le tapis à bagages ce qui nous a moyennement enchantés). Zoé rouspète car elle n’a pas eu le temps de terminer son dessin animé.
Je passe la porte de l’aéroport avec une poire mais étant donné que nous venons déjà de Patagonie, il n’y a personne au contrôle…j’ai bien fait de ne pas la jeter celle-là!
El Calafate, ville de Patagonie sur le bord du lac Argentina. Ce lac aux eaux turquoises parsemées de flamants roses est le plus grand d’Argentine. Il reçoit ses eaux des glaciers de la région ce qui lui donne cette couleur. Les glaciers…c’est pour eux qu’on est là. Surtout pour le plus connu: le Perito Moreno, du nom d’un explorateur argentin célèbre (en tout cas ici!). Il y en a d’autres et tous sont les bras d’une immense nappe de glace située en Patagonie (South continental ice field).
La journée n’est pas très avancée et nous devons faire pas mal de choses pour organiser la suite.
D’abord, récupérer notre voiture puis rencontrer Eduardo qui a accepté de nous héberger chez lui pendant notre séjour ici. Vrai « couchsurfer pro », il héberge pendant la haute saison des voyageurs quasi tous les jours. Nous le rejoignons sur son lieu de travail et il nous emmène rapidos chez lui. Une petite maison violette sur les hauteurs de la ville, dans le vent. Un peu « Rock-n-Roll, la maison… Une maison d’homme célibataire qui travaille beaucoup, a un chien, héberge beaucoup de voyageurs et…ne nettoie pas trop (jamais?)… Mes chères collègues maniaques, je pense à vous à chaque instant!!! Zoé, elle, s’accommode très vite de l’endroit. Elle sympathise avec Blanquita la chienne et ne s’inquiète pas trop de dormir dans une pièce remplie de pièces détachées d’ordinateur (notre hôte est consultant en informatique). « Au moins, on ne dort pas sous un pont, hein papa? »
Nous partons réserver nos billets pour le prochain bus. Il est moins une, il restait moins de 10 places… Ensuite, direction la maison du parc national pour prendre quelques infos sur les lieux à visiter dans la région, ce qu’il est possible de faire avec la chaise et surtout la météo. Ca ne s’annonce pas mal, on devrait pouvoir faire tout ce qu’on veut.
Il ne reste plus qu’à visiter le Glacarium ou musée des glaces. Il paraît que c’est mieux de le voir avant d’aller aux glaciers. Courage! La journée n’est pas finie! Un peu d’instruction !
Le bâtiment est situé sur la route qui mène au parc national, sur le haut d’une crête venteuse…très venteuse…
Le musée est en effet très intéressant et explique énormément de choses sur la neige, la glace, les glaciers, la géographie patagonienne. Nous assistons aussi à une projection 3D sur la région. Paysages magnifiques en relief. Ca donne envie de voir tout tout de suite!
Pour terminer, un « sous-marin » (nom donné en Argentine au chocolat chaud réalisé avec un bâton de chocolat plongé dans le lait chaud), une part de gâteau aux fraises dans la cafétéria. Vue panoramique sur la pampa aux alentours, magnifique et au chaud!
Mercredi, 04 novembre 2015
On y va, on y va! Depuis le temps qu’on l’attendait ce glacier! Il ne reste que 80 kms…
Belle route comme d’habitude. Nous nous présentons à l’entrée du parc et là, bonne nouvelle, grâce à Cédric on ne paye pas. Et hop, 50 dollars économisés!
Il ne reste qu’une trentaine de kilomètres et on n’a toujours rien vu. Le glacier se laisse désirer jusqu’au bout! La route serpente entre des buissons couverts de fleurs rouges, le sol est jaune de pissenlits et plus bas, le lac turquoise laisse apercevoir des petites masses blanches : des icebergs!!!! Incroyable, je ne sais pas si j’avais imaginé un jour voir des icebergs….
Tout à coup, au détour d’un tournant, le voilà : majestueux , imposant, blanc, bleu, turquoise,… On en a la chair de poule…
Nous nous habillons chaudement pour aller jusqu’au belvédère. Ca souffle! Un aigle qui doit avoir un lointain cousin écureuil ou coati lorgne le sandwich de Zoé et la suit à la trace espérant récolter quelques miettes (ou un bout de salami?). Etrange comportement pour un rapace…
On repart. Le prochain arrêt sera cette fois face au glacier, vraiment juste en face.
Un système de passerelles et d’escaliers permet de le voir sous toutes ses coutures et surtout de l’entendre. Il craque et à chacun de ses craquements, tout le monde est aux aguets espérant voir tomber un gros morceau de glace dans l’eau. Le glacier a un aspect particulier en ce moment: étant donné qu’il avance de 2 mètres chaque jour, il a fini par rejoindre la berge et forme une sorte de barrage dans le lac. Ceci explique pourquoi le niveau du lac est si bas à El Calafate. Un de ces jours, des gros morceaux vont se détacher, l’eau va creuser la glace et un trou puis un pont vont se former.
Un ascenseur de verre permet à Cédric d’accéder au premier belvédère, le plus haut. La vue depuis l’ascenseur est sensationnelle. L’employé qui y travaille la voit-il seulement encore?
Du 1er belvédère partent toute une série de passerelles et d’escaliers pour accéder à d’autres points de vue plus bas ou plus latéraux. Zoé m’accompagne un peu puis je pars seule vers une des boucles inférieures. Chouette, il n’y a quasi personne. Les touristes en groupes organisés ne viennent pas jusque là… Seule au monde ou presque face au géant de glace. Ca craque, ça bouge, ça vit! Les rayons de soleil créent des jeux de lumière dans les fissures et crevasses les colorant de toutes les nuances de bleu…On pourrait observer ce spectacle pendant des heures. Dans l’eau, de gros icebergs dérivent. Je remonte par un petit bois. Beaucoup d’arbres sont morts: ils doivent subir des vagues d’eau glacée chaque fois qu’un gros bloc de glace se détache.
Un charmant panneau m’enjoint de ne pas dépasser la barrière: entre 1968 et 1988, 32 personnes ont été tuées dans cette zone suite aux projectiles envoyés pas la chute des glaces… bon… Je remonte sagement par le chemin prévu à cet effet… Je n’irai donc pas gratouiller la glace…
Nous rentrons tranquillement mais je ne peux m’empêcher de tourner la tête à chaque fois que je le peux pour encore l’apercevoir. C’est tellement magique et puis c’est probablement la seule fois de notre vie que nous le verrons.
Retour à la maison de bonne heure car demain nous partons pour une autre expédition: El Chalten, petit village du bout du monde perdu dans les montagnes, au pied du Fitz Roy.
C’est grâce à Eduardo que nous y allons. Le Fitz Roy. C’est une montagne mythique dans le monde des grimpeurs, du trek et de l’andinisme. Particulièrement photogénique, il apparaît sur de nombreux calendriers, livres, posters. Cédric m’en parle depuis des années.Ça n’empêche qu’au départ, nous n’avions pas prévu d’y aller pour la simple raison que nous craignions de ne pas pouvoir voir grand-chose sans marche d’approche. Mais non, Eduardo nous dit que la route pour y aller est magnifique et parfaite, que du village part une autre piste que l’on peut faire avec notre voiture et qui nous donnera une vue époustouflante sur le Fitz Roy. Il passe un coup de fil et en cinq minutes nous avons une chambre réservée à un prix correct pour l’endroit.
Jeudi 05 novembre 2015
En route!
Ces routes! Bon sang depuis que l’on roule sur ce continent américain, que ça soit aux USA, au Pérou ou ici en Argentine, on en a avalé des kms. Elles sont droites ou courbes, interminables, au milieu de zones désertiques (ou presque) à perte de vue..Aux USA, j’avais l’impression de ne pas avancer et ça me perturbait. Les habitudes belges étaient encore fraîches! Depuis, je m’y suis habituée et finalement, c’est beaucoup plus confortable que des autoroutes surchargées et trouées. Il n’y a que 200 kms pour atteindre El Chalten. A l’échelle de ce pays , ce n’est rien du tout. La route serpente gentiment en nous offrant des vues panoramiques sur le lac Argentina. Dans les étendues d’herbe rase, on observe de temps à autre un guanaco, cousin du lama en plus gracieux. Plus loin, des sortes d’autruches. Enfin, près des estancias (grandes fermes), des moutons et surtout, des agneaux. L’agneau de Patagonie à la parilla (au grill) est LE plat à goûter dans la région! Ô pauvres petits agneaux…..
De loin, nous apercevons depuis un petit temps des aiguilles rocheuses surmontées de neige qui pourrait bien être l’endroit où nous allons. Progressivement, nous voyons sur la gauche un nouveau lac et un autre glacier (le Viedma). Un peu avant l’arrivée au village, dans un champ, quatre condors nous observent! Ça y est! On les attendait depuis le Pérou et les voilà enfin!!
Le Fritz Roy est là aussi, droit devant nous et il est difficile d’en détacher les yeux. Zoé trouve qu’il ressemble à la montagne du nord dans la Reine des neiges. Disney s’en serait-il inspiré? Possible.
El Chalten se situe derrière une passe, entouré de parois rocheuses, c’est un peu comme une oasis au milieu du désert.
Nous nous arrêtons à la maison du parc où un gardien enthousiaste nous fait un petit cours en espagnol argentin accéléré (c’est un pléonasme!) sur le parc, ce qu’on peut voir et faire et surtout tout ce que l’on ne peut pas faire. Les « mascotas » (chiens de compagnie) ne sont pas les bienvenus, ça tombe bien on n’en n’a pas. Ça sera bien le seul village d’Argentine (d’Amérique latine) où il n’y a pas de chien dans les rues!
Pique-nique au milieu des pissenlits avant d’aller déposer nos affaires à l’hôtel.
L’hôtel est en fait une auberge de jeunesse mais, car il y a un mais, pour une raison que je n’ai pas tout à fait saisie, la chambre triple en rez-de-chaussée promise n’est pas disponible (existe-t-elle seulement?). « Pas grave, me dit l’employée je vais demander à l’hôtel d’à côté de préparer une chambre. Il est un peu plus haut de gamme mais vous payerez le même prix »… La bonne affaire! Plutôt qu’une auberge de jeunesse, on se retrouve dans une chambre douillette dans un hôtel cosy et chaleureux… On y resterait bien plus longtemps! Sachant que les chambres valent le double du prix que l’on va payer, c’est encore plus confortable!
On repart vers une cascade qui paraît-il est facile d’accès pour Cédric.Le chemin est charmant, parmi les arbres et pissenlits (ces plantes sont décidément partout, même au bout du monde. Nous ne regarderons plus les nôtres avec le même œil, nous aurons une pensée émue pour la Patagonie). La cascade est jolie et la rivière en dessous un fantastique terrain de jeux pour Zoé et ses Playmobils.
Nous parvenons à extraire Zoé de la rivière et nous rentrons nous dépoussiérer pour aller manger.
Nous sommes sous le charme de l’endroit (d’autant que la météo est franchement clémente), nous décidons de célébrer ici l’anniversaire de Cédric qui n’a lieu que dans trois jours. Le Fitz Roy comme cadeau d’anniversaire, ce n’est pas mal (pour rappel, l’année passée nous étions allés skier à Ypres…)!. La barre est haute pour l’année prochaine!
Restaurant recommandé par les guides, tenu par une hollandaise et servant les spécialités locales avec un peu de recherche culinaire en plus. Agneau de Patagonie grillé, truite,…c’est bon et Zoé dévore aussi. Mince, nous qui avons pris l’habitude de ne prendre que deux plats pour trois, il y a des moments où ça devient juste!
Vendredi, 06 novembre 2015.
Nous partons faire cette fameuse route qui doit mener à un lac dans lequel le Fitz Roy se reflète. Il fait radieux. Nous nous embarquons pour 37 kms de piste qui, disent-ils tous, est accessible à toute voiture… Mouais, sauf que quand même, notre Toyota là, je ne la sens qu’à moitié. D’autant que si on crève ou on casse le moindre truc, nous ne sommes pas capables de réparer. Bref, c’est joli, on roule à tout casser à 20 kms heure, on n’a qu’une carte sommaire et on ne sait pas où on en est. Pas possible de se perdre, il n’y a qu’une route. N’empêche, au bout d’un temps, de trois ponts de planches traversés, d’un troupeau de vaches au galop et de pas mal de cailloux évités, je commence à faiblir et à la trouver un peu longue. A un moment la piste commence à monter et descendre beaucoup plus fort avec quelques grosses pierres. C’est la goutte d’eau qui fait déborder mon vase. Demi-tour. Tant pis pour la vue imprenable. Je suis un peu déçue et dépitée d’autant qu’effectivement d’autres voitures comme la nôtre passent. Sommes-nous un peu trop peureux? Peut-être…Pas encore assez argentins, ça c’est certain!
Nous décidons de retourner à la cascade pour pique-niquer. Zoé est ravie. Moi, j’ai le dos en compote à force de m’être dressée et contractée sur mon siège. Je ferais bien la sieste sur un rocher au soleil mais c’est de la pure utopie avec un petit monstre qui crapahute entre les rochers de la rivière…
Nous terminons notre petit séjour par un café et une énorme portion de tarte au citron meringuée (miam!) en regardant une dernière fois ces magnifiques montagnes. Cet endroit nous aura surpris. Nous nous attendions à un piège à touristes mais nous avons découvert un vrai village avec des habitants, une école, une vie à côté de ces visiteurs qui, s’ils sont bien là et font vivre le village, ne sont pas si envahissants (du moins pas à cette période). Ce sont des randonneurs, des grimpeurs et nous sommes dans un parc naturel,…Il fait calme et tranquille.
Il n’y a plus qu’à refaire le chemin en sens inverse! Qu’est-ce que 200 kms?!
A la sortie, Zoé dit tranquillement: « Oh regarde papa! ». Un condor en vol au-dessus de nous, waouh !!!
Samedi 7 novembre 2015
Dernier jour à El Calafate et dernier jour en Argentine pour nous.
C’est aussi l’anniversaire de Cédric, pour de vrai. Ce n’est pas idéal aujourd’hui car nous avons dormi à trois sur un futon coriace, c’est une journée de transition et nous avons pas mal de choses à faire.
Nous devons rendre la voiture à 14h00. Résultat, au vu de l’organisation un peu chaotique avec notre hôte ces derniers jours et de la situation géographique de sa maison par rapport à la gare de bus, nous décidons au pied levé de nous trouver un hôtel en ville pour ce soir. Y a plus qu’à…
Le temps de tout ré-empaqueter et de quitter la maison, il nous reste top chrono trois heures pour trouver une chambre pas trop chère et pas trop inaccessible.
Avec l’aide de l’office du tourisme et de notre hôte qui ne nous en veut pas et connaît tout le monde en ville, nous nous retrouvons dans une sorte de mini auberge de jeunesse qui ne paye pas de mine au 1er abord mais a l’avantage d’être bien située, pas chère et a des chambres au rez-de-chaussée. Ça c’est fait! Plus qu’à rendre la voiture et trouver des pesos pour payer… Il nous restera quelques heures à tuer en ville. Zoé a son idée, une grande plaine de jeux repérée il y a quelques jours.
On demandera à Cédric: « Qu’as-tu fait pour fêter tes 40 ans? » . « J’ai mangé un hamburger frites, j’ai passé des heures dans une plaine de jeux et je suis rentré sous la drache manger du pain à la dulce de leche(sorte de confiture de lait typique de l’Argentine) dans ma chambre d’hôtel ». Eh bien, vous savez quoi? Il était quand même content! Comme quoi….
Demain, nous prenons le bus pour repasser au Chili, à Puerto Natales.
Adios Argentina…