08 novembre 2015

Nous quittons El Calafate au petit matin. Il fait un temps maussade.

Nous repassons par une partie de route déjà empruntée la veille avant de bifurquer sur la Ruta 40.

Le paysage est monotone, le temps maussade tourne à la franche pluie. Quelques guanacos, flamants roses et beaucoup de moutons pour animer un peu la morne pampa qui nous entoure. La dernière ville d’Argentine abrite une gigantesque centrale électrique au charbon. On est à « Frontierland ». Heureusement que nous ne sommes pas entrés par ici en Argentine un jour comme aujourd’hui, on aurait fui!

Dernière traversée de frontière entre les deux pays et dans le sens le plus pénible. C’est reparti pour les contrôles sanitaires. C’est là qu’on se rend compte que les raisins secs qui sont dans mon sac à dos sont interdits aussi…et m…je les avais oubliés ceux-là. Bon, pas grave, j’ai de toute façon des déchets: je mets tout dans un sac plastique et compte les jeter en descendant du bus. Sauf qu’il n’y a pas de poubelle! Et voilà que pendant que je suis au guichet, une douanière arrive avec un chien renifleur et fait inspecter tous les sacs à dos des gens dans la file! Le mien est resté dans le bus, tant pis. Je presse mon sachet de déchets et de raisins secs prohibés entre ma veste et le comptoir et le chien ne vient pas jusque moi, pfff. Je ressors avec l’impression d’être une passeuse de drogue! Oui mais, pas question de remonter avec dans le bus car Cédric me dit qu’ils l’inspectent aussi ! Je file aux « baños »(toilettes) et trouve enfin une poubelle. C’en est fini de ces fichus raisins! Que d’aventures!

Quel était le risque si je me faisais « pincer »? Je ne sais pas trop mais je voulais éviter d’enrichir les caisses de l’état chilien en payant une grosse amende pour des raisins secs (sans vouloir faire un jeu de mots idiot!)

Nous arrivons à Puerto Natales et la navette de notre hôtel est au rendez-vous. Le ton est donné, Macarena (oui, c’est son nom…) est super sympathique et en chemin, nous explique déjà tous les aspects pratiques de la ville. Très accommodante, elle nous fait visiter deux chambres pour que l’on choisisse la plus pratique. On pensait être au 1er étage, on est au rez-de-chaussée, bonne nouvelle! Pour une auberge de jeunesse non accessible, elle l’est finalement presque complètement!

En une demi heure, Macarena, nous informe sur ce que l’on peut faire ici, sur la météo des jours à venir et nous réserve tout, totale efficacité!

La ville de Puerto Natales, dans la province de la « Ultima Esperanza » est située sur l’Océan Pacifique, en tout cas un bras de celui-ci. C’est une petite ville de pêcheurs aux petites maisons basses en tôles colorées qui s’est presque entièrement reconvertie au tourisme grâce à sa proximité avec le parc Torres Del Paine. C’est à nouveau des hordes de randonneurs qui arpentent les rues avec leurs sacs à dos.

L’hôtel Nikkos 2 est une auberge de jeunesse et l’on peut y cuisiner dans la cuisine commune. Souvenirs, souvenirs, ça rappelle les communs des kots! L’ambiance est chouette, les gens sympas et tranquilles, une sorte de club de passionnés de voyage, un plaisir. Nous assistons à un cours de montage de tente donné par un guide à deux touristes hollandais. Nous émettons quelques doutes quant à leurs compétences surtout quand ils devront monter la tente dans le vent! Zoé apprécie l’endroit, elle trouve que ça ressemble plus à une grande maison qu’à un hôtel et elle est un peu la mascotte ici! Quand elle fait des bêtises, ils la regardent tous en rigolant..

09 novembre 2015

Nous découvrons au matin un super petit dej avec œuf en prime, waouh quel service!

Nous filons chez le loueur de voitures car il ne restait qu’une voiture hier soir et nous devons être les 1ers sinon elle nous passera sous le nez.

Tip top, nous sommes dans le bureau avant même l’employé! L’affaire est vite réglée et nous pouvons nous mettre en route.

Nous empruntons la « Ruta Del Fin Del Mundo » (véridique) qui longe d’abord la mer. Ensuite nous bifurquons sur une route en gravillons pour arriver bientôt à l’entrée du parc.

La route nous offre à nouveau des vues magnifiques et le « complexe » des tours est impressionnant.  Nous avons la chance d’avoir une météo qui nous offre une vue dégagée.

Nous longeons  le « Lac aux cygnes » qui en effet est peuplé de cygnes au cou noir et bec orange. Très photogéniques et coopératifs, ils nous offrent leur plus beau profil. Maman promène ses cygneaux sur le dos… Le calme de l’endroit n’est interrompu que par le cri des différents oiseaux alentour. Un guanaco boit tranquillement de l’autre côté de la berge. S’il y avait un peu moins de vent et quelques degrés de plus, on pourrait y rester des heures.

Plus loin, des dizaines de guanacos se baladent des deux côtés de la route. Certains traversent tranquillement devant la voiture sans trop s’inquiéter. Ils sont chez eux après tout!

Petite vidéo : Permiso, por favor !!!

Nous bifurquons pour atteindre un point de vue panoramique sur les tours. Impressionnant. Un panneau didactique en espagnol explique le mécanisme de leur formation….

Nous décidons de pique-niquer plus loin, sur un parking, près du départ d’une balade facile vers une cascade. Le vent est tel que nous mangeons dans la voiture. Cédric décide qu’il ne tentera pas la balade car le début montre déjà de grosses pierres et vu les rafales, il risque de faire du sur place! Je pars avec Zoé qui, pour faciliter les choses, a décidé d’emporter tous ses doudous. Mauvais plan! Les rafales sont terribles! Devant nous un groupe avance et leurs pas nous envoient des nuages de poussière dans les yeux, pas très agréable. Le vent nous empêche d’avancer et Zoé hurle tout en riant : « c’est la pire chose de toute ma vie!!! » Il prend partout, dans les yeux, le nez et même dans les dents. Au bout d’un temps, je lui propose de revenir à la voiture car c’est vraiment pénible pour elle. Demi-tour. Ça va être plus facile avec le vent dans le dos. En fait non, on se sent quasi soulevées de terre et il est difficile de maintenir son équilibre! Zoé se réfugie dans la  voiture et je repars.

Je suis seule maintenant sur le chemin et j’ai la chance de voir un tatou dans l’herbe juste à côté de moi. Je tente de le prendre en photo. Le résultat n’est pas exceptionnel car entre la bête qui bouge et le vent qui me fait osciller, la chose n’est pas aisée!

J’atteins enfin la cascade. Eau turquoise, nuage de gouttelettes balayées par le vent. Joli. Le chemin continue vers une balade plus longue toujours estampillée « facile ». Je pousse un peu plus loin, juste pour voir. Je me retrouve au milieu d’un plateau venteux dominé au fond par les tours de granit. C’est extraordinaire…quel sentiment de, de …. je ne sais pas au juste mais ça donne des frissons…Bon, ce n’est pas tout ça mais il y en a deux qui m’attendent dans la voiture. Je reprends le chemin inverse et là où Zoe s’est envolée un peu plus tôt, je me retrouve quasi soulevée de terre par les bourrasques. C’est à peine si je tiens debout. Si ça continue, je vais devoir terminer à quatre pattes!!!

Pendant ce temps, Zoé raconte son expérience : Zoé face au vent

Ouf, me voilà à la voiture saine et sauve! En bas, sur le lac, on peut voir la houle. Ca moutonne ferme! Nous reprenons la route et passons au bord. Les vagues qui cassent sur la rive donnent l’impression d’être à la mer!

Nous terminons la boucle sur nos pistes empoussiérées. Retour à la ville avec un petit tour sur le port, ça sent la mer! Le gros paquebot que l’on avait un moment pensé prendre pour remonter vers le nord est amarré un peu plus loin. Zoé dort à l’arrière.

Fin de la journée, on rentre au bercail.

10 novembre 2015

Lever 6h00, départ 7h30. Bon sang, c’est pas des vacances ça!

Aujourd’hui, c’est en bateau que nous partons pour approcher deux autres glaciers. L’excursion coûte un os mais a l’air chouette et tout est compris dedans. Alors, on le fait!

Un pick-up rien que pour nous vient nous chercher devant l’hôtel, traitement VIP pour Cédric. Voilà encore la chaise chargée dans la benne…décidément, ça devient une habitude!

Petite route jusqu’à un port un peu à l’écart de la ville. Trois bateaux attendent les touristes. On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une excursion franchement accessible. Mais qu’à cela ne tienne, quatre gaillards se saisissent de la chaise de Cédric et le hissent à bord puis m’informent que le mieux serait que nous soyons dans la cabine à l’étage supérieur. Il n’y a donc plus qu’à y monter puis à démonter les roues de la chaise pour entrer dans la cabine. Ouf, on y est! Facile, non?

La navigation nous entraîne progressivement vers un fjord. Nous apercevons deux petits dauphins à tribord. Les paysages sont très beaux même si le ciel est chargé. Moi qui n’étais pas attirée par les contrées froides, je me surprends à imaginer de visiter l’Islande ou la Norvège qui, à mon idée, doivent avoir des paysages un peu proches…comme quoi…

Premiers arrêts: une colonie de cormorans puis la falaise aux condors. Plusieurs familles nichent sur la falaise et on les voit planer au-dessus.

La navigation reprend. Progressivement la houle se fait plus forte. Comme hier, l’eau moutonne ce qui, d’après mon mari navigateur (ou plutôt ex-véliplanchiste ), doit correspondre à un vent de 4 Beauforts au moins. Bref, pour tous les autres, ça souffle, ça tangue et sur le pont les quelques irréductibles finissent par rentrer après s’être fait copieusement rincer par les vagues ! Sur le pare-brise du capitaine c’est comme si on lançait des seaux d’eau mais ça n’a pas l’air de le tracasser. Petit à petit, on aperçoit le premier glacier au programme du jour, le Balmaceda. Et là, miracle, en bifurquant vers un autre fjord, la mer se calme et on peut presque tranquillement prendre nos photos. Presque, car à nouveau le vent est terrible et il est difficile de maintenir l’appareil. Je me retrouve cramponnée dans les bras d’une Française qui a perdu l’équilibre tout comme moi. Fou rire vu la situation mais n’empêche, c’est impressionnant de se sentir à ce point soulevée par le vent …Ce glacier est très différent du Perito Moreno. On dirait une énorme rivière qui coule sur le flanc de la montagne. Mais Elsa, la Reine des neiges a dû passer par là et a tout figé en glace….

Le bateau continue le long de la côte, nous apercevons des pointes de glace bleutée sur la crête de la falaise.

Nous arrivons finalement à un embarcadère qui mène au parc national Ô Higgins. De là, deux chemins de balade facile permettent de voir un autre glacier, le Serrano. Un chemin en caillebotis mène à une plate-forme qui offre une vue panoramique sur le glacier et le lac dans lequel il se jette. C’est le chemin pour Cédric. L’autre balade n’est pas difficile mais grimpe un peu dans les bois. Zoé est motivée à essayer de gagner la course contre les mamies qui sont devant nous, elle cavale! Nous débouchons sur le sentier à flanc de colline. Il surplombe le lac turquoise jonché d’icebergs! À nouveau, incroyable vue… On aperçoit Cédric en bas sur sa plate-forme. Nous continuons le chemin. Zoé me tanne pour que je descende dans les rochers lui chercher un morceau de glace… Je ne suis pas chaude (ah ah!). Nous progressons et arrivons de plus en plus près du glacier. Un énorme craquement se fait entendre un peu avant que nous arrivions. Zut, raté!

Pendant que je le contemple, Zoé escalade les petits rochers autour. Déjà blasée?

Nous reprenons le sentier dans le sens inverse et le jeu consiste à viser les morceaux de glace échoués avec des cailloux pour essayer de les casser. Profitons-en, ce n’est pas demain qu’on rejouera à ça!

Nous rejoignons Cédric sur sa plate-forme en plein vent et il n’y a plus qu’à remonter à bord du bateau (excursion organisée oblige, le timing est minuté!). A peine redémarrés, voilà qu’on nous amène l’apéro: whisky on ice! La glace vient du lac, Cédric a vu l’organisateur venir la chercher avec un seau. Cool! Je déteste le whisky et ce n’est pas celui-ci qui va me le faire aimer mais juste pour le plaisir de sucer un glaçon de glacier, je ferai un effort…Zoé a droit à un jus d’orange, et est ravie d’avoir enfin son morceau de glace.

Il n’y a plus qu’à retourner vers l’Estancia touristique où le dîner est prévu. Il doit être presque 15h et après une journée au grand air et un whisky, il serait temps de manger quelque chose!

On nous débarque au milieu d’un pré. Un peu plus loin se trouve la salle du restaurant. C’est un peu la grosse industrie touristique mais ils sont sympas, souriants et super bien organisés. Ça tourne! Au menu, barbecue géant avec bien sûr de l’agneau de Patagonie. Zoé, qui ne quitte plus son doudou mouton (cadeau d’Astrid ma collègue!) depuis le début du voyage est sur le qui-vive: le patron l’a repéré et a déjà voulu le mettre deux fois sur le grill!! Entrée, plat, dessert, le tout en quantité chilienne, nous sommes repus jusqu’à demain! Petite balade digestive dans la prairie avant de reprendre le bateau.

Le retour est plus calme et Cédric peut en profiter sur le pont cette fois. Nous rentrons finalement vers 18h.

Lever aux aurores, journée passée en plein air et vous savez quoi? Mademoiselle Zoé est en pleine forme et même prête à faire ses devoirs! Incroyable, quelle énergie! Nous, on est cuits…

Demain, en milieu de journée, on part vers Punta Arenas, 250 kms plus au sud.

L’étape la plus australe de notre périple.

Le bout du monde?